Y a un moment, faut s'lancer !

 

 

 

Il est des pas plus simples que d'autres à faire ..
Certains font avancer et d'autres vous figent pour longtemps.

Il y a ceux qui vous propulsent à des années lumière et ceux qui vous plaçent en abime.
Ceux qui, clairement, vous font reculer et ceux que l'on croyait petits alors qu'il s'avèrent être géants.

Il y a des pas qui passent pour des concessions et ceux que l'on fait de bon coeur, spontanément. Ceux que l'on fait comme sur des oeufs, parfois maladroitement, et ceux qui s'annoncent tonitruants, disciplinés, lourds et groupés, façon militaire, bruyants.

Il y a des pas qui permettent de prendre de la hauteur, ceux qui vous grandissent aux yeux des autres et ceux que l'on fait de coté, pour voir la vie sous un angle différent.

Il y a des pas que l'on aurait aimé faire et ceux que l'on fait trop hâtivement.

Il y a ceux qui atterrissent dans une flaque, font splash, et vous ramènent en enfance et ceux qui font tomber, les deux pieds dedans.

Il y a des pad que l'on fait sans conviction et ceux que l'on fait avec entrain, voire avec élan.
Ceux que l'on fait vers l'Autre et qui bouleversent. Ceux que l'on n'aurait pas dû faire, ou que l'on oublie de faire, et que l'on regrette véritablement.

Il y a des pas qui n'engagent à rien et ceux qui vous marquent à vie. Ceux que l'on fait instinctivement, pour se rattraper après avoir trébuché et ceux que l'on a murement réfléchis, en se donnant le temps.

Il a des pas que l'ont qualifie de lourds ou de pesants, ceux que l'on reconnait venir avec leurs gros sabots, et ceux que l'on fait avec joie, légers et de velours, comme savent les faire les souris, discrètement.

Certains méritent qu'on y réfléchisse mais ... pas trop longtemps ...
Parce qu'il y a un moment, faut se lancer... tout simplement !

 

 

 

 

Jusqu’à l’épuisement

 

 

Elle n’avait pas trouvé le moyen de tenir plus longtemps. Ses jambes l’avaient lâchée et elle avait chu sur le sol, s’étalant de tout son long sans ne pouvoir plus faire un seul mouvement supplémentaire.

La lampe, au-dessus d’elle, l’éblouissait et lui donnait un sérieux mal de crane. Mais elle ne trouvait pas la force de tourner la tête ni de se placer face contre terre pour échapper à l’intensité de cette lumière. Elle comptait rester là jusqu’à temps que tout cela se calme. Juste pour reprendre ses esprits et un peu de force.

Elle était au calme. Elle discernait à peine les bruits de la rue, comme des murmures. Comme si la vie se déroulait ailleurs, de côté, plus loin.

Elle fermait les yeux et sa journée défilait en accéléré.

Comment avait-elle pu ? C’est sûr, Harvey lui en voudrait. Comme d’habitude. Il lui ferait le même reproche et elle ne dirait rien, simplement pour le faire fulminer et surtout, pour ne pas avoir à expliquer. Et d’ailleurs… expliquer quoi ?

Elle lui tendrait les mains, paumes vers le ciel, en signe d’ouverture et d’offrande. Elle le regarderait avec douceur. Il prendrait ses poignets en posant ses pouces le long de ses veines qu'il ferait glisser délicatement pour la caresser. Cela l’apaiserait. Ils ne diraient plus rien et se souriraient. Comme à chaque fois.

Mais pour le moment, elle était là, seule sur le sol. Épuisée, calme, heureuse.