Les grands Boulevards sont partiellement bloqués par une horde de flics qui essaient de contenir journalistes et badauds qui s’agglutinent pour glaner des autographes et qui sont là, parce qu’il faut Etre là !
Les voitures s’arrêtent les unes après les autres, déversant des stars plus éphémères les unes que les autres : Titof, Tonia Kissinger, JP Castaldi, Philippe des 2be3, Laam, Maxime, Diams, Dizees La Peste, Callogero… des dizaines de people que je ne connais même pas … les héros de l’émission du fiancé de l’été je sais pas quoi, une chanteuse canadienne Saint-Pierre je crois, des rappeurs dont un qui a 70 tatoos sur le corps - nous dit le gars qui les accueille - et dont je n’ai même jamais vu la tête, un comique (Dahan me dit on) ET Jordy - oui oui !! …
Ca commence par un cocktail de rigueur. Le Rex transformé en salle de cocktail pour l’occasion. Madonna en fond sonore. Personne ne sourit. Un mélange complètement hétéroclite de jeunes débarqués pas tout a fait là par hasard, et de people pas forcément reconnaissables au premier coup d'oeil. On s’arrête très rapidement au bar pour saisir un verre au vol, se poser dans un coin et regagner rapidement la sortie parce qu’il faut maintenant rentrer dans le Grand Rex.
Ca se bouscule, ça piaille, y a des spots et des cameras partout… Fred, Valérie et moi rentrons, emportés par la foule, dans la même lancée que Monsieur Quillot, le patron d’Orange, rivé à son téléphone, que Fred salue rapidement. Moi, je comprends très bien Quillot. Quoi de mieux que le téléphone pour échapper à cette foule plus vulgaire que populaire … surtout quand on est patron d'Orange (Orange... Le téléphone, t'as compris ??!)
Dans l’entrée, d’autres spots diffusent une lumière aveuglante et ce brouhaha que je supporte difficilement. Personne ne sourit, les gens sont moches. « Etre stressé et pas souriant » semble être le maître mot de la soirée. Je bouscule involontairement Alain Chabat. Très envie de le saluer, lui, mais ce n’est absolument pas le moment. Des dizaines de gens attendent pour se faire photographier à ses cotés. J’ai jamais compris ça !
On monte a l’étage pour se placer au premier rang et ainsi observer les gens rentrer.
Il fait chaud, très chaud. Ma voisine a à peine 20 ans ; elle est mal fagotée et surexcitée …
Le chauffeur de salle hurle dans le micro, donnant les dernières consignes avant le direct.
Les ouvreuses font toutes 1.80, goalées comme des sprats, à peine vêtue d’un truc a paillettes qui ne cache même pas leurs seins dénudés.
Pendant ce temps, Valou et moi observons la foule. En dehors de Dominique Besnehard, Alain Chabat, Omar, Samuel le Bihan, Patrick Braoudé, Elie Seimoun, Amanda Lear… je ne connais, et surtout ne reconnais, personne…
Et c’est là que je commence à comprendre combien je suis décalée. Complètement extérieure et dépassée . La foule hurle à l’arrivée d’un black qui n’aurait même pas attiré mon attention. Bagloir, Magloir… je ne sais même plus le nom que Fred lui a donné…
Dans ma ligne de mire, y a Chabat. Et lui, je l’aime beaucoup alors je l’observe. Il n’est pas venu avec Ophélie. Non, non. La fille qui l’accompagne n'a certainement pas plus de mon age, grande, blonde, et bien foutue (forcément !!).
Leurs attitudes réciproques laissent a penser qu’ils ne font pas que prendre le thé ensemble. Et ce n’est plus le désemparement qui m’envahit mais la déception. Non, Alain, Non !! Vous qui m’aviez enchantée lors de cette fameuse Berryer. Vous ici. Et avec elle ! C’est quoi ce truc !!
Le direct commence. Les spots balayent la salle au point d’être visuellement insupportables. Il fait de plus en plus chaud. Eric & Ramzy débarquent sur scène et le show commence.
Aux premiers rangs, des rangées entières de jeunes hurlant debout, habillés dans des vêtements plus vulgaires les uns que les autres et ce chauffeur de salle qui ne fait qu’attiser leur excitation.
Défilent sur scène Victoria Abril, Gérard Depardieu, Emmanuelle Beart, Nathalie Umbroglia, de Palmas, le groupe Tatoo, un autre groupe anglais vaguement tendance en ce moment… j’en oublie forcement… Les spot-lights leur donnent tous l'air d'être shootés (ce qui est peut-etre le cas. Après tout, ca serait un bon moyen de leur faire oublier le calvaire qu'ils sont assurément en train de vivre !!). Le tout est entre-coupé de femmes presque à poils, se tortillant dans les positions exagérément érotiques. Simplement pour vous illustrer la teneur de ce qui y est dit ce soir !
Et nous sommes réunis là pour remettre les NRJ Ciné Awards. Alors, tout un chaucun pourrait imaginer qu'il s'agit de remettre des prix au meilleur film etc ... non, non... nous sommes là pour récompenser l'actrice la plus glamour, le rôle le plus méchant ... Vient la musique.. mais il n'est pas question de récompenser la meilleure MUsique, mais la meilleure Zic !!!
Valou, Fred et moi, on plonge dans nos sièges, presque atterrés !!
Non seulement on ne connaît pas la moitié des personnes dont tous ces gens parlent mais en plus on est complètement extérieurs a tout ce show. Vient le moment ou Tommy Lee Jones (oui oui) entre en scène. 3 mots. Il a dit seulement 3 mots, en anglais, essayant de répondre aux boutades d’Eric & Ramzy. Et moi je ne capte plus grand chose, voire plus rien du tout. Dépassée par mon inculture télévisuelle !
Mais le show continue.
Et c’est « Brice de Nice » qui rafle tous les prix ! C’est pour vous dire le niveau de la soirée et de ses récompenses !!
Jean Dujardin, le fameux « Brice de Nice », n’étant pas présent à cette occasion, la production a eu la bonne idée de nous offrir un duplex avec lui. Sauf que le brave Jean Dujardin, il avait visiblement décidé de se faire un WE tranquilos, je ne sais pas où en Bretagne. Alors, le voilà filmé, probablement chez sa mère ( enfin je suppose à en juger le guéridon, le fauteuil, la plante et les rideaux qui sont dans le champ de la caméra, à coté de lui).
Et il commente à distance, visiblement contraint et forcé, les prix qui lui sont attribués. Zen, le gars. Plutôt bon, même, face au peu de temps qui lui est imparti !!
Et dans la salle, le public hurle dès qu’un people est concerné. Les gens sont debout, claquent des mains… Chabat compris !
Mais la soirée n’est pas terminée … Et la surprise de ce soir, ça n'était pas Depardieu (seul représentant un tant soit peu intellectuel en cette place). Non, c’est la venue de Rickie Martins sur scène. Ah, j’oubliais de vous dire que tout semble être en play-back, qu’il fait toujours une chaleur d’enfer et que pas un des intervenants sur scène ne dégouline pas. Ca brille devant les caméras ! On discerne à vue d’œil les gouttes qui perlent sur tous leurs fronts. C’est moche !! Et le fameux Rickie Martins qui ondule avec une certaine Amalia est encore plus ruisselant que tous ceux qui l’ont précédé.
Me vient alors une question cruciale :
Que pouvaient bien faire des gens comme Besnehard, Chabat etc .. ici ???
Pour Depardieu, on comprend. Il a été payé une somme indécente pour réciter ses 3 phrases. Mais les autres ?
C’est vilain, c’est populaire, c’est vulgaire.
J’en viens ensuite à cette question : que faisions-nous ici ? Et pour vous répondre simplement : nous étions là par curiosité. Cette même curiosité qui a du certainement (en tous cas je l’espère) pousser tous les autres à venir assister à ces fameux NRJ Ciné Awards, en direct du Grand Rex ce soir !!! J'en conclue en tous cas que je suis dépassée, vieille, has-been, provinciale et donc probablement et finalement élitiste, mais que surtout, il va falloir que je me pose très rapidement d'AUTRES questions !!!!!
Mais c’est à Jean Dujardin que je pense ce soir. Comment peut-on accepter avec un tel sourire de voir des cameras débarquer alors qu’on est chez sa mère un vendredi soir avec la perspective de passer un WE tranquille en Bretagne ??? Pour une palme ou un Oscar, je comprendrais, mais pour des NRJ Ciné Awards !!???!!!
Un grand moment de télévision, c'est vrai, mais que je ne réitérerai probablement jamais !!!!!!!!!!!!!