Benvolio avait attendu ce moment toute sa vie.
Le téléphone avait sonné. Il s’était tranquillement dirigé vers l’appareil pour décrocher. D’une voix apaisée, il avait accueilli la voix de Josefina, l’assistante de Riccardo. Elle lui annonçait, sans surprise pour lui, que Don Pepino était arrivé à Naples et qu’il l’attendait.
Benvolio avait souri en raccrochant. L’histoire tournait enfin en sa faveur.
Il allait pouvoir se venger.
Avant de se rendre dans le bureau situé au second étage de la trattoria dans laquelle Don Pepino avait coutume de recevoir, il s’était assis dans le canapé. Avait longuement répété la scène. Il précipiterait Don Pepino par la fenêtre au moment où celui-ci s’empresserait de l’ouvrir pour aérer la pièce.
Tout le monde savait qu’il devrait présenter ses pieds à Don Pepino.
En 1923, Federico Marzzoti avait caché une lame dans sa chaussette et l’avait violemment poignardé. Depuis, avant tout mot prononcé, Don Pepino exigeait sans condition de toute personne avec qui il s’entretenait, de remonter son pantalon au niveau des genoux, de se déchausser et de lui présenter ses pieds.
Ce que Don Pepino ignorait, c’est que Benvolio souffrait d’une mycose pédestre horriblement malodorante, qu’il avait d’ailleurs entretenue depuis des années, au grand dam de Serafina, son épouse aimante, pour parfaire son plan machiavélique.
Benvolio allait être celui qui terrasserait Don Pepino simplement grâce à l’odeur de ses pieds !!!