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Ca a duré 10 secondes, le temps de ces quelques mots : Non, plus de Jazz. Je ne supporte pas le Jazz et il a ajouté qqe chose dans le style ça me saoule vraiment ou ça me gave je ne sais plus... Enfin.. au travers de ces qqes très rapides mots, j’ai très bien compris non seulement qu’il n’aimait pas le jazz mais surtout qu'il ne le supportait pas et que cela serait probablement définitif.
Je n’ai rien dit. Juste souri. Ils ont changé la musique. Plus de jazz.
Et c’est seulement en m’endormant beaucoup plus tard, l’esprit un peu embué par l’alcool, parce que nous avions quand même pas mal bu, que j’ai réalisé !
Que l’on n’apprécie pas le jazz, c’est entendable. Il est vrai que ce n’est pas une musique toujours très accessible. Cependant, quand on se cantonne aux grands du type Armstrong, Ellington, Davis ou aux grandes comme Holiday, Fitzgerald ou Vaughan, il y a tout de même matière à pouvoir le «supporter». Et nous étions précisément en train d’écouter Armstrong/Fitzgerald dans les grands classiques qu’on leur connaît tous…
Ses mots me sont donc revenus a l’esprit… Ils étaient suffisamment catégoriques pour que je comprenne bien, très bien même, que sa position était sans appel !! Et cela m’a désolée.... Pourquoi ???
Tout d'abord, parce qu’a mes yeux, que l’on aime ou pas, il faut bien reconnaître que le Jazz est une des musiques les plus ouvertes et les plus libres : pas de partitions ni de contraintes techniques à proprement parler. Tous les instruments et toutes les voix y ont leur place sans autre règle que celle de commencer sur une note et de terminer sur une autre, déterminées. C’est tout .. après.. le rythme, les digressions, les envolées, les apartés, les solos, les aigus, les graves, les blancs, les Noires, les couacs, la gaieté, le blues, les passerelles avec toutes les autres musiques… tout y est possible .. Une musique à tiroirs où l'improvisation, le laisser-aller et la surprise sont rois... Et ce sont cette ouverture et cette extreme liberté d'esprit, cette place a la spontaneité, caractéristiques même du jazz, qui en font une musique formidable. Alors ... comment ne peut-on pas "supporter" une musique aussi libre, à défaut de l'apprécier ?
Ensuite... parce que quand on aime la musique - et c’est son cas a lui ! – on ne peut pas occulter le fait que, tant de points de vues historique que technique, le jazz est une musique incontournable dont l’influence sur bien d’autres est incontestable. Et quand on a envie de comprendre la musique dans toutes ses formes, le jazz est une catégorie incontournable …
Entendons-nous, je n’ai pas dit qu’apprécier le jazz était une obligation … j’entends simplement qu’il est incontournable et qu’a défaut de l’apprécier, le « reconnaître » me paraît juste - en tous cas quand on s'interesse a la musique.
Tout comme le hard-rock !!! En ce qui me concerne, il est vrai qu’aujourd’hui je n’ai pas toutes les clefs pour apprécier cette rude musique qu’est le Hard, mais je tente de la comprendre, je discerne ce qui la rend incontournable, j'écoute ceux qui l'apprecient m'en parler et surtout je ne m’y ferme pas !
Mais… ce qui m’a probablement le plus touchée, c’est qu’en fait, le jazz, c’est un petit peu de ce que je suis !
Disons que d’un point de vue culturel et surtout familial, le jazz est quand même ce qui m’a bercée et avec lequel j’ai toujours vécu. C’est même ce qui me lie très fortement à mon père, à certains de mes cousins et oncles. C’est probablement le jazz, écouté dès le ventre de ma mère, qui m’a donné cet intérêt si prononcé, cette necessité vitale partagée avec mes frère et soeur, qu'est la musique pour moi.
Et je crois que je me retrouve, en plus, assez bien dans la spontanéité et le coté "à tiroirs" de cette musique !
Enfin, c’est aussi au jazz que je dois très indirectement mon prénom au travers du titre éponyme du Duke et de Boris Vian, ce trompettiste que mes parents ont tant apprécié au point de me donner le prénom de sa plus grande héroine !
Et ce qui m’a chagrinée n’est pas le fait qu’il n’aime pas le Jazz. Je peux très bien le comprendre !
Il y a plein de choses que je n’apprécie pas non plus, même dans le Jazz.
Non, non… ce qui m’a chagrinée, c’est le caractère catégorique et sans appel de son positionnement...
Cette petite réflexion anodine, prononcée en 10 secondes ½, dont il n'a probablement aucunement conscience, souligne à peine ce que je redoute et ce que je refuse finalement de prendre pour conclusion: notre inadéquation ...