Pendant 9 ans, systématiquement, perdre ses moyens
En un simple regard, oublier tout le reste,
Ne pas savoir quitter des yeux, observer chaque geste
Et se convaincre cependant que de possible, il n’en est rien.
Ne jamais se défendre d’y revenir.
Se présenter encore dès que possible, même y tenir
De cet état aussi délicieux que secret,
S’agacer autant qu’apprécier.
En ignorer la raison,
Ne pas la chercher jusqu’à ce jour,
Puis saisir enfin l’occasion
Et, sur un bout de papier, faire court.
Se trouver ridicule et déplacé,
Mais recevoir un signe intéressé.
Alimenter des échanges amusés,
Et se réjouir d’un soupçon d’affinités.
Se voir un RDV proposé ;
Incrédule, ne surtout pas conjecturer.
Puis découvrir avec effroi
Que de possible il n’y aura pas !
Hurler, seul, trouver injuste cette déveine
Regretter les années qui séparent ;
Détester la vie et ses hasards ;
Puis accepter sa peine.
Espérer secrètement que l’autre sera plus léger,
Qu’il est peut-etre envisageable, le temps d'un verre, de s’en accommoder.
S’en vouloir ; comprendre que lui aussi aura renoncé,
Alors même qu'aucun mot n’aura été prononcé.
Se jurer, cependant, de dire
En se promettant d’en rire
Et de remercier l’autre de la singularité
D’émotions dont on ne saura probablement jamais complètement se détacher.