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  • Qqes heures en Asie ...

    La simple idée de rentrer dans un supermarché me hérisse le poil. L’idée de consommation de masse d’une part. Ensuite, tout ces produits conditionnés sous brique ou sous plastique qui n’ont pas d’odeur. L’absence d’échanges humains et de conseils. Enfin, les bruits, la lumière, la foule, la cohue et la queue !!! c’est tout simplement un calvaire pour moi !

    Et puis, on s’était dit qu’on irait faire un tour chez Tang. Ca faisait longtemps qu’on n’y était pas allées....
    Alors, je m’étais préparée. C’était l’occasion de trouver de la pâte de curry vert. Depuis le temps que j'en cherchais. Je m'etais motivée, y avait plus qu'a y aller ! Un vrai challenge pour moi, mais pour du Curry Vert, fallait le faire !!!

    Du coup, on a pris mon scooter et on a débarqué dans le 13eme. On s’était dit qu’on ferait le supermarché puis l’entrepôt. Et on a commencé par l’étage alimentaire.

    Je ne sais pas si vous connaissez Tang Frères, le samedi après-midi. Pour moi, c’est un supplice mais ça vaut vraiment le détour !

    D’abord, ca grouille de chineses !! « Evidemment ! » me direz-vous, mais on a beau s’y attendre, cette foule de chineses, c’est déroutant. En l’espace d’une minute, vous avez quitté la France - je vous promets !!

    Ca grouille donc, de gens plus petits que moi (et oui !!) qui se bousculent, gigotent, touchent a tout, ne vous laissent que peu de place, parlent - que dis-je râlent presque - en chinois que vous ne comprenez pas ! Bien evidemment ! Une sorte de brouhaha permanant. Il fait chaud. Les odeurs de sueur, de viande, de poisson, d'epice, de sauce... se melent... Ca sent pas bon du tout !! C’est petit, exigu, mal rangé, pas propre, éclairé au néon. Ici, le C.R.M., ils ne connaissent pas ! Et dans les rayons, il n’y a pas un produit dont vous connaissez le contenu !

    Des boites… des poches … des conserves… de sauces, de mixtures, d’accompagnements, de condiments... toutes plus hasardeuses les unes que les autres pour qui ne connaît pas la cuisine chinoise.

    Des poissons-lune desséchés et congelés, des légumes dignes de l’espace (garangal et autre chou chinois), des épices en quantités astronomiques, les 45 sortes de sauces soja ou sauces d'huitres, des champignons noirs de toutes sortes qu’on pourrait imaginer tout droit sortis de Tchernobyl, des bonbons à la pâte de riz et à l’olive noire, des douceurs aux haricots, des beignets de bananes… Il n’y a pas un produit qui ait une apparence similaire à ceux de nos supermarchés occidentaux. Et le glutamate … Ici, c’est le royaume du Glutamate… qu’on retrouve dans tout !!!

    Autant vous dire que pour faire nos choix, on a passé un temps fou à ce fameux étage alimentaire, auscultant les produits un par un, nous interrogeant sur leur composition puis nous interrogeant sur leur utilisation potentielle. Concluant enfin soit par un « Ouais, ça a l’air chouette, je tente » ou bien sur un «Glurps ! Comment font-ils pour avaler ça !! No way !». Et des choses dont on ne connaîtra jamais ni la composition ni l’utilisation, yen a un paquet !!!

    On avait des paniers gavés à craquer : il faut dire aussi que si vous êtes basique dans vos besoins, c’est quand même l’endroit rêvé pour trouver Badiane, Ecorces de Cannelle, Coriandre, Cardamone, Réglisse en copeaux, Riz parfumés, Soja, Citronnelle, Feuilles de bananier ou de bambou, Currys… en quantité et à des prix défiant toute concurrence !!

    Et là, une fois que nous avions 5 kilos dans chaque paniers, nous avons opté pour l’étage maison. Heureusement, ya moins de monde. Et on s’est amusées a traîner dans les rayons, observant là encore la diversité des produits. C’est le fait d’être en scoot qui nous a sauvées. !! Parce que les rice-cookers et autre Wok, en passant par les masques chinois, les kimonos pour enfant, les bâtons d’encens, la vaisselle, le papier d’or, les pinceaux, la peinture… a des prix dérisoires … ça donne carrément envie de faire des cadeaux a tous ceux que vous connaissez !!

    Bref, vu les kilos qu’on traînait dans nos paniers, la fatigue d’une telle foule et le mal de crane généré par tant de bruits et d’odeurs étrangères nous ont fait abandonner l’idée d’aller faire un tour dans l’entrepôt … Une prochaine fois, certainement. Et c’est là que notre après-midi en Asie s’est achevé.

    Ce qu’il y avait de curieux, c’est que nous avions un besoin impérieux de paysages et de repères occidentaux ! Pourtant, si yen a bien deux qui aiment les lieux atypiques, c’est nous. Alors, c’est avec étonnement que nous avons apprécié le soulagement du calme et de « l’occidentalité » de notre bon vieux quartier même si nous étions ravies de notre après-midi !!


    …. Avis aux parisiens qui n’ont pas la chance de pouvoir quitter la capitale le WE … Je vous conseille d’aller faire un tour chez les frères Tang, une fois, pour voir, pour comprendre. En plus, vous y trouverez plein d'idées. Et puis, vous y verrez peut-être aussi, dans les salles à coté, des vieux chinois grisonnants qui jouent aux ma-jong, échecs et autres loto et karaoké en buvant du thé.

    Sincèrement ça vaut le détour et ça vous dépayse totalement pour qqes heures !
    Et puis … il me semble que c’est bientôt le nouvel an … et ça aussi je vous le conseille vivement…

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  • Taillage de costard

    C’est curieux… je ne sais pas d’où vient cette tradition, mais le taillage de costard semble être un sport national. En effet, on peut constater que la coutume française de la « critique organisée » est pratiquée de manière assidue et cela quel que soit le type de CSP ou de contexte de réunion.

    Et je trouve cela particulièrement intéressant !
    A croire que nous prendrions un plaisir certain a relooker, de son cortex à son physique, l’ensemble de ceux qui nous entourent, avec une préférence pour ceux que nous côtoyons le plus et qui, surtout, ne sont pas présents.
    Pratique somme toute assez peu catholique pour les générations qui sont les nôtres et qui sont encore teintées, quoi qu’on en dise, d’une mentalité et d’un fonctionnement encore terriblement judéo-chrétien !

    Tout d’abord, rappelons la signification de l’expression taillage de costard.
    En comparaison à celle de critique qui peut varier du positif au négatif, le taillage de costard est coloré d’un négativisme incontestable.
    En effet, l’optimisme, la pondération, la modération, l’impartialité ou la délicatesse n’ont que peu de place dans cette activité. On notera que le terme de critique peut correspondre à celui d’appréciation, bonne ou mauvaise, alors que celui de taillage de costard pourrait aisément s’apparenter à celui de dépréciation. Et c’est probablement là tout l’intérêt de la discipline !

    Quelques questions se posent déjà : d’ou nous viendrait ce goût prononcé pour le dénigrement d’autrui, qu’il soit léger et chargé d’humour ou profond et terriblement méchant ?
    La simple jouissance sadique des défauts ou des erreurs de l’autre ? Cela découlerait-il d’un contexte social suffisamment difficile qui pousserait a ce défoulement exutoire ?
    Ou le besoin tellement humain de chercher chez l’autre ce qui est pire que chez nous pour ne surtout pas nous pencher sur nous-même?

    On constatera ensuite que ce n’est pas nécessairement dans les assemblées les plus upper-class que le taillage de costard est le plus smart. Il eut été effectivement à supposer que l’échange de points de vues visant a rhabiller autrui se voudrait plus fin, plus délicat ou plus sympathique dans les milieux dits « bien éduqués ». Détrompons-nous ! Force est de constater que plus l’Etre est doté d’outils d’analyse, plus sa critique sait être féroce voire immodérée.

    Enfin, nous observerons que ce sont souvent les meilleurs orateurs, non pas les meilleurs penseurs, (même si les deux se conjuguent parfois) qui reçoivent la plus belle presse dans cette discipline.
    N’avez-vous pas dans votre entourage, un ami, une connaissance, qui n’est jamais le plus futé de l’assemblée mais qui systématiquement brille grâce aux critiques acerbes qu’il assène en et sur votre société ?

    D’autre questions se posent alors : n’aurions nous pas tendance a donner plus facilement place à ces fameux bons orateurs, jugeurs professionnels, plutôt qu’à ceux qui ont des vrais sujets de préoccupations, de vraies idées loin de toute «déblatération» mais qui, faute de capacité oratoire, se fondent dans une masse a laquelle personne ne prête plus attention ?
    Ne donne t-on pas plus facilement la part belle à celui qui saura discourir par le jugement qu’à celui qui tiendra le bon sujet sans savoir épiloguer et cela par souci de facilité ?
    Cela découle t-il d’une fascination générale pour ceux qui assument publiquement, et donc de manière remarquable (dans le sens « à remarquer »), leur point de vue ?
    Les media d’aujourd’hui et les stars qu’ils élèvent et entretiennent en sont, pour moi, une première preuve.

    Je m’interroge sur la question même de nos amusements. Vous me direz que de tout temps, les jeux du cirque, les joutes verbales et autre fou du roi… ont existé.
    Même si ces jugements peuvent se prévaloir d’une dose certaine et remarquable d’humour, l’exercice est devenu pratique courante (ne relevant plus de l’occasionnel spectacle) et c’est probablement ce qui me gène. Je ne remets pas en cause le bien-fondé de ces media. Ils ont un rôle que je leur reconnaît. C’est la « normalité » de l’exercice, que ces media légitiment inconsciemment, qui suscite mon interrogation.

    Cela pour conclure sur le fait que j’ai de plus en plus de mal a passer des soirées à assister voire à participer à des lynchages organisés, jamais complètement méchants (il faut le reconnaître) mais révélateurs de ce besoin de trouver le défaut, la petite faille, le truc amusant voire de briser un sujet, souvent le même et souvent absent, pour trouver matière à échanger.
    N’y a t-il pas de sujets plus intéressants, tels que nos propres défauts, nos propres réflexions, ou nos vraies interrogations personnelles, qui d'ailleurs, assumés publiquement, trouveraient plus rapidement dénouement ou évolution, et probablement susciteraient bien plus de Respect parce que justement assumés et partagés ?
    Je me dis enfin que ce type d’amusement, celui de la critique, n’a d’intérêt que s’il aboutit à une explication, à l’échafaudage d’une solution donc à une conclusion positive.

    Je constate simplement qu’aujourd’hui nous laissons beaucoup, beaucoup de place à ce jeu de dénigrement alors que celui-ci même pourrait valoir tout autant s’il se bornait à la critique pure et simple, passant par une analyse complète du sujet, c’est à dire incluant ses mauvais COMME ses bons aspects, modérant ainsi notre examen et lui donnant, de fait, une dimension bien plus positive pour chacun d’entre nous.

    Il y a tellement de choses passionnantes dans chacune de nos propres vies, tellement d’expérience à en retirer, que celles-ci valent, à mes yeux, bien plus d’être traitées, plutôt que le taillage de costard que nous pratiquons finalement tous assez facilement (plus rarement chez certains que chez d'autres) à propos de sujets ou à propos de ceux qui ne sont pas Nous et qui, surtout, ne sont pas là. Même si c'est pour rigoler.

    Mais probablement suis-je rabat-joie, dans le vrai sens du terme …

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